Mozambique — les troubles s’intensifient à Cabo Delgado

Des communautés et des églises attaquées

Des missionnaires, des prêtres et des religieuses ont été contraints de fuir vers Pemba ou d’autres grandes villes, qui sont maintenant submergées par les personnes déplacées.

Selon des informations fournies à l’œuvre pontificale Aide à l’Église en Détresse (AED) par des missionnaires locaux, plusieurs nouvelles attaques simultanées menées par des groupes armés continuent de secouer la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique.

Les activités de ces groupes d’insurgés islamistes se sont intensifiées dans la région, créant une situation extrêmement difficile et générant un climat de peur et d’insécurité.

Photo d’archive, 2020 : une foule de déplacés attend de l’aide.

Les troubles dans le nord du Mozambique ont commencé en 2017, mais il y a eu une augmentation des attaques depuis le début de l’année 2024. Rien qu’au cours des derniers jours, il y a eu plusieurs nouvelles incursions dans les villes et les villages, avec des meurtres ou des enlèvements.

Le 9 février, des terroristes, qui se réclament du groupe État islamique (ÉI), ont attaqué trois communautés dans la ville de Mazeze, à environ 100 kilomètres au sud de Pemba, la capitale de la province de Cabo Delgado. Selon un missionnaire local, qui préfère garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, « des églises et des maisons ont été incendiées ». Ces attaques, ainsi que des rumeurs de nouveaux mouvements terroristes dans les villes voisines, ont entraîné le déplacement de centaines de personnes, qui ont parcouru de longues distances à travers la brousse pour trouver refuge à Pemba ou dans la ville voisine de Chiúre, qui commence déjà à souffrir des effets de la surpopulation, explique-t-il.

Une missionnaire, qui a également requis l’anonymat, a confirmé que les terroristes avaient détruit des maisons et des églises dans plusieurs villages et « sont maintenant dispersés dans les districts du sud et du centre » de Cabo Delgado, bien que « l’objectif final de ces mouvements et attaques » ne soit pas encore clair.

Photo d’archive, 2020 : une foule de déplacés arrive dans un endroit plus sécuritaire.

« De nombreux missionnaires ont également été contraints de partir », a déclaré un prêtre local à l’AED. « Le curé qui se trouvait dans l’une des communautés a déménagé à Pemba, le siège du diocèse, tout comme les religieuses qui vivaient à proximité. D’autres missionnaires font de même, pour se protéger, mais aussi pour protéger la population », confirme-t-il. En effet, partir est parfois un moyen de protéger la population, car bien souvent, si les prêtres ou les religieuses restent dans les villages, les gens se sentent en sécurité et restent avec eux, ce qui peut les exposer à des attaques.

Des méthodes plus audacieuses

Depuis 2017, les attaques sont passées par plusieurs phases : avec des attaques contre des structures militaires ou gouvernementales, et des attaques contre des villages et des communautés civiles. À Cabo Delgado, les chrétiens comme les musulmans sont ciblés par la terreur. Cependant, ces dernières années, il y a eu des cas d’attaques visant spécifiquement des cibles et des communautés chrétiennes, notamment lorsque des djihadistes ont séparé les chrétiens des musulmans et ont exécuté les premiers.

Même si cette photo date de 2020, les besoins en nourriture et en produits de première nécessité demeurent importants.

« Le village qui a été attaqué dans la région de Chiúre avait déjà été attaqué il y a environ deux ans », explique le prêtre. « Les attaques n’étaient pas limitées aux villages où se trouvent des églises chrétiennes. Comme toujours, ils ont attaqué absolument tout, non seulement les églises, mais aussi les mosquées et, surtout, les gens et leurs maisons ».

En plus de l’augmentation du nombre d’attentats, les terroristes semblent également devenir plus audacieux dans leurs méthodes. Lors d’une attaque en janvier contre la ville de Mucojo, dans le district de Macomia, près de la côte, dans la province de Cabo Delgado, au lieu de détruire des maisons et de fuir dans la brousse, les djihadistes sont restés sur place au moins deux jours. Et ce, malgré la présence à proximité des forces armées du Mozambique et d’autres pays alliés qui tentent d’endiguer la violence. Un peu plus d’une semaine plus tard, le 31 janvier, des terroristes ont tendu une embuscade à un convoi militaire, tuant deux soldats mozambicains.

L’insurrection au Mozambique a fait au moins 5000 morts et entraîné le déplacement de plus d’un million de personnes, bien que les chiffres actuels soient probablement bien plus élevés. L’Église catholique est très impliquée dans le soutien des personnes déplacées dans le nord du Mozambique et dans la recherche d’une solution pacifique au conflit, ayant critiqué à la fois les terroristes et la réaction dure du gouvernement.

Le Mozambique, en particulier la province de Cabo Delgado, est un pays prioritaire pour l’AED sur le continent africain. L’œuvre pontificale de charité a soutenu plusieurs projets d’assistance pastorale et psychosociale aux victimes du terrorisme, ainsi que la fourniture de matériaux pour la construction de centres communautaires et l’acquisition de véhicules pour les missionnaires travaillant avec les centres de réinstallation qui accueillent des familles fuyant la violence.

2020 : un village du diocèse de Pemba.