Célébrations liturgiques et réouverture des écoles
Alors que la Syrie marque la première semaine de transition vers le nouveau régime, Aide à l’Église en Détresse (AED) a recueilli des témoignages directs sur le terrain offrant un aperçu de la situation actuelle dans des régions clés, y compris Homs et Alep, où les gens font face aux incertitudes d’une période post-régime.
À Homs, l’ambiance reste à la prudence même si les gens descendent dans la rue pour des manifestations comme vendredi dernier. Bien que les approvisionnements en nourriture et en carburant soient disponibles, ils restent limités et les prix augmentent constamment. Les écoles rouvrent aujourd’hui, lundi. La peur de ce que l’avenir réserve aux chrétiens est palpable. Une personne contactée par l’AED a souligné cette inquiétude croissante. « Le message que je voudrai transmettre au monde est qu’il est important que la communauté internationale soutienne les chrétiens dans l’établissement d’une constitution civile, plutôt que d’une constitution islamique basée sur la charia. Si la constitution est basée sur la charia, les chrétiens devront sans aucun doute quitter le pays parce que les libertés individuelles seront restreintes », a-t-elle déclaré à L’AED.
Le pays est en train de passer d’un régime qui réprimait toute dissidence à un régime qui pourrait limiter les libertés individuelles au nom de la religion. « Les chrétiens n’ont aucune force capable de garantir leurs droits en termes de constitution, de vie institutionnelle et de gouvernance civile. Il y a la crainte que nous soyons passés d’un régime qui réduisait tout le monde au silence à un régime qui ne permet pas aux gens de vivre comme ils le souhaitent, avec des libertés individuelles », a poursuivi la source. Elle craint de plus en plus que le pays ne s’oriente vers un système islamiste extrémiste, où l’idéologie religieuse pourrait l’emporter sur les libertés individuelles.
Décoration de Noël à Alep
À Alep, l’atmosphère est plus modérée, mais toujours prudemment optimiste. Les gens tentent de reprendre une vie normale etde petits signes de Noël apparaissent dans toute la ville. Les églises ont commencé à installer des décorations, les nouvelles autorités exhortant les citoyens à célébrer les fêtes et à améliorer l’ambiance de la ville. « Nous sommes venus pour laisser les choses en meilleur état que ce qu’elles n’étaient », ont déclaré les autorités, selon les sources consultées. Malgré la hausse initiale des prix, Aide à l’Église en Détresse (AED) a eu confirmation qu’ils commencent à se stabiliser, les marques étrangères – en particulier de Turquie – étant désormais disponibles à des prix inférieurs à ceux des produits locaux.
Les nouvelles autorités d’Alep ont assuré à la population que les écoles chrétiennes resteront opérationnelles et ouvrent leurs portes aujourd’hui, 16 décembre. Les hôpitaux ont également rouvert, et les usines de médicaments locales ont recommencé à produire. Bien que le pays se remette encore des difficultés et des embargos stricts de la dernière décennie, les choses s’améliorent lentement.
Les messes dominicales se sont déroulées sans incident à Homs et à Alep. Les fidèles se sont rassemblés à l’approche de Noël pour prier, oscillant entre l’espoir, le soulagement, et la crainte d’un avenir imprévisible.
Confiance frileuse
La communauté chrétienne reste en effet prudente quant à l’avenir, sa confiance dans les autorités étant profondément ébranlée après 13 ans de conflit. « Après toutes ces souffrances et ces difficultés, il est très difficile pour nous de faire confiance à qui que ce soit ou aux nouvelles autorités », a expliqué l’un des chrétiens d’Alep interrogé par l’AED.
Les recherches de l’AED indiquent que, bien qu’il y ait eu des incidents et des rapports occasionnels de discrimination ou d’agression religieuse, ces incidents sont isolés et il n’y a aucun signe de persécution systématique à ce stade.
Aide à l’Église en Détresse (AED) continue d’entretenir des contacts directs avec ses multiples partenaires et avec les responsables de l’Église en Syrie, qui ont rencontré à plusieurs reprises les nouvelles autorités à Alep et à Damas au cours de la semaine dernière. L’œuvre pontificale s’est engagée à soutenir les chrétiens depuis le début de la guerre en 2011 et demande à la communauté internationale de superviser la transition pour assurer la liberté religieuse en Syrie.