Des bergers peuls massacrent plus d’une trentaine de Personnes déplacées internes (PDI)
Le dernier acte de violence perpétré contre des agriculteurs majoritairement chrétiens qui vivent dans le centre du Nigeria a fait au moins 35 morts.
Le Samedi saint 8 avril, une attaque perpétrée par des bergers peuls contre des personnes déplacées à l’intérieur du Nigeria, a fait plus de trois douzaines de morts et d’innombrables blessés, selon le père Remigius Ihyula, du diocèse de Makurdi, dans un message envoyé à l’organisation caritative internationale Aide à l’Église en détresse (AED).
« Les Bergers peuls sont entrés dans un camp de personnes déplacées pour tuer ces âmes innocentes. Plus de 35 morts et d’innombrables blessés. Les camps de personnes déplacées situés à proximité sont maintenant désorganisés », a déclaré le père Remigius dans son message à l’AED.
« Cela a été un Samedi saint noir pour nous ici », a conclu le prêtre, qui a également envoyé des photos prises à la morgue locale, dont certaines que l’AED a choisi de ne pas publier étant donné l’état des corps des victimes.
Le diocèse de Makurdi est situé dans l’État de Benue, dans la région appelée Ceinture du milieu (Middle Belt) et comme son nom l’indique, elle est située au centre du pays. Cette région a beaucoup souffert des violences commises par les bergers peuls contre les agriculteurs sédentaires. De plus, le conflit est complexe. En effet, l’animosité entre les bergers nomades et les agriculteurs ne date pas d’hier, mais elle a été aggravée ces dernières années par l’introduction d’armes automatiques qui ont inondé le marché noir après l’effondrement du régime en Libye. La dimension religieuse aggrave également la situation, car les , les Peuls sont majoritairement musulmans et les agriculteurs de la région sont majoritairement chrétiens. On craint que la violence des Peuls ne soit attisée par ceux qui veulent nettoyer la région de toute présence chrétienne.
Selon une déclaration de la Fondation pour la justice, le développement et la paix, également envoyée à l’AED par le père Remigius, le massacre s’est produit dans les environs du village de Ngban, lorsque des bergers peuls ont assiégé l’école primaire locale.
« L’établissement est bien connu et sert de refuge aux habitants des localités voisines, comme Udei, qui viennent de temps en temps dormir ou séjourner à l’école en raison de la peur et de l’insécurité qui règnent dans leurs villages. À côté de l’école se trouve la maison de Zaki Bernard Shawa, qui a également perdu deux enfants dans l’attaque, tandis qu’en face de l’école se trouve l’autoroute Makurdi-Lafia sur laquelle se trouve un poste de contrôle de la police ».
Selon le père Remigius, les bergers ont également détruit des biens, notamment des véhicules et des produits agricoles.
La campagne canadienne de Pâques de l’AED se concentre sur le Nigeria
Des attaques comme celle-ci, qui ont eu lieu pendant la Semaine sainte, ne font que confirmer l’importance de la campagne internationale de Carême de l’Aide à l’Église en Détresse, laquelle se déroule plutôt, au Canada, pendant la période pascale. Cette année, elle est consacrée au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique. Elle vise à sensibiliser à la situation tragique dans laquelle se trouvent de nombreuses communautés chrétiennes du pays, cibles constantes d’attaques et de persécutions. Un Magazine et une page d’accueil où se trouvent des vidéos, permettent d’en apprendre plus.
Pour le Magazine, cliquez ici, et pour la page d’accueil de la campagne au Canada, cliquez ici.
Le diocèse de Makurdi compte à lui seul deux millions de personnes déplacées, réparties dans sept camps. Beaucoup d’entre elles sont chrétiennes. D’ailleurs, dans un message vidéo enregistré pour la campagne, le père Remigius rappelle que toutes ces personnes qui ont dû quitter leurs maisons étaient auparavant autosuffisantes, mais qu’elles dépendent maintenant de l’aumône pour survivre. Les camps manquent également d’équipements de base, tels que des lits, la grande majorité des personnes déplacées étant obligées de dormir à même le sol.
Outre les attaques des Peuls, les chrétiens nigérians — et la population en général — souffrent également d’autres problèmes, tels que l’activité de groupes terroristes musulmans comme Boko Haram et sa ramification de l’État islamique — Province d’Afrique de l’Ouest. De plus, il y a une augmentation du banditisme, y compris une véritable industrie de l’enlèvement pour obtenir des rançons. Les chrétiens de certains États à majorité musulmane du nord du pays doivent également vivre sous la loi de la charia et ne jouissent pas de la liberté religieuse la plus élémentaire.