Rencontre avec le pape Léon XIV : une nouvelle espérance pour les Églises orientales

Lors d’une rencontre historique, le pape Léon XIV a reçu des représentants des Églises catholiques orientales qui se sont rendus ensemble en pèlerinage à Rome pour célébrer le Jubilé. Le pape leur a adressé un message fort et profondément spirituel, qui a été accueilli comme une étincelle d’espérance au milieu de réalités marquées par la persécution, l’exil et la guerre.

Aide à l’Église en Détresse (AED), une œuvre pontificale de charité qui soutient nombre de ces communautés dans leurs pays d’origine et dans la diaspora, a recueilli les impressions de six partenaires de projets de rite oriental vivant dans des contextes très différents. Leurs  voix s’accordent : « Le pape ne s’est pas contenté de nous parler, il nous a confié une mission. »

Le 14 mai dernier, 5000 participants au Jubilé des Églises orientales participaient à l’audience avec le nouveau pape, Léon XIV, qui se tenait à la salle Paul VI du Vatican.

« Il nous a rendus fiers », a déclaré à l’AED Mgr Nathanaël Nizar Wadih Semaan, archevêque syriaque catholique d’Adiabène, dans le nord de l’Irak. « Parfois, nous pensons que nous n’avons rien à offrir, que nous sommes peu nombreux, que le nombre de nos fidèles diminue, mais il nous a rappelé que nous avons une liturgie riche et une spiritualité profonde. Il nous a dit que nous devions non seulement la préserver comme un trésor, mais aussi la partager avec le monde. »

Pour ceux qui l’ont écouté et qui vivent dans des conditions difficiles, les paroles du pape donnent un sens nouveau à leur mission. « Le pape a allumé en nous une nouvelle flamme. Il nous a rappelé que nous avons quelque chose et que nous devons le présenter au monde avec responsabilité et joie », a déclaré Mgr Nizar.

Le pape a insisté sur l’importance pour les chrétiens d’Orient de pouvoir rester dans leur patrie. « Vous êtes la lumière du monde », nous a-t-il dit. « Nous savons que la résurrection, la lumière, est venue après la souffrance. Au Moyen-Orient, nous traversons la croix, mais nous sommes toujours lumière », a rappelé l’archevêque d’Adiabène. « Où que nous vivions – en France, en Allemagne, en Amérique ou en Australie – nos communautés sont des lumières qui brillent. Nous sommes témoins du Christ dans notre vie quotidienne. Nous devons porter cette lumière avec nous », a-t-il souligné.

Le nouveau pape, Léon XIV, lors de la rencontre des Églises orientales, le 14 mai dernier.

Espérance et force pour un nouveau départ

Pour sa part, Mgr Boutros Marayati, évêque arménien catholique d’Alep en Syrie, a parlé d’un renouveau intérieur opéré par les paroles du Saint-Père : « Nous sommes sortis de cette rencontre remplis d’espérance et de joie spirituelle. Le pape est conscient de ce que vivent nos Églises orientales. Il est proche de nous. Il nous demande de prier pour lui, comme il prie pour nous. À travers le pape Léon, Dieu nous a offert un nouvel espace d’espérance. Marchons ensemble sans hésitation, sans crainte. »

Mgr Anba Hani Nassif Wasef Bakhoum Kiroulos, évêque auxiliaire du Patriarcat copte catholique d’Alexandrie, a également déclaré à l’AED que « la rencontre a été une bénédiction. Sa Sainteté a mis l’accent sur l’importance de l’héritage et de la présence des Églises orientales, les décrivant comme l’Église des martyrs. Il a demandé aux fidèles de ne pas abandonner leur patrie et de préserver leur patrimoine. Il nous a dit que toute l’Église a besoin des Églises orientales. Cela a été un événement spirituel et historique profond, reflétant la vision du pape sur la paix et l’unité. Nous devons préserver nos traditions, prier pour une paix véritable, une paix fondée sur le pardon et le courage de commencer un nouveau chapitre ».

Le patriarche Youssef (Joseph) Absi (à gauche) aux côtés de Mgr Boutros Marayati (à droite), lors du Jubilé des Églises orientales qui s’est tenu à Rome du 12 au 14 mai dernier.

Une voix qui résonne en Orient et en Occident

Le plus jeune évêque du monde, Mgr Jules Boutros, 42 ans, évêque syriaque catholique au Liban, a été impressionné par le ton chaleureux du message papal. « C’était comme écouter un père qui s’adresse à ses enfants dans un langage qu’ils comprennent, le langage du cœur. Le plus beau, c’est qu’il a personnellement promis de suivre nos besoins par l’intermédiaire du Dicastère pour les Églises orientales. C’est un espoir concret qui nous réconforte », a-t-il déclaré.

L’un des moments qui l’a le plus marqué a été lorsque Léon XIV a cité son prédécesseur Léon XIII : « Tout missionnaire latin, du clergé séculier ou régulier, qui, par ses conseils ou son aide, attire un Oriental vers le rite latin » doit être « destitué et exclu de sa charge. » 

Selon l’évêque libanais, ce rappel réaffirme « non seulement son soutien aux Églises orientales dans la préservation de leur identité et de leurs traditions, mais aussi son désir de les voir grandir, tant en Orient qu’en Occident, sans être absorbées ou dissoutes dans les sociétés plus larges qui les entourent ».

S’adressant à l’AED, Mgr Jules a également souligné l’estime profonde que le pape a exprimée pour les Églises orientales et leurs traditions spirituelles et liturgiques orientales en citant trois Pères de l’Église : Ephrem le Syrien, Isaac le Syrien, Siméon le Nouveau Théologien. « Ce faisant, il a embrassé un large éventail de traditions, donnant à tous le sentiment d’être inclus », a-t-il souligné.

L’impact du discours ne s’est pas limité aux fidèles des Églises orientales : « J’ai des amis prêtres en Amérique et en Europe qui m’ont écrit ou m’ont approché après le discours. Ils m’ont dit : “Avez-vous entendu comment le pape a parlé de vous ?” Nous en avons été émus. Non seulement cela nous a donné de la joie, mais cela a aussi touché le cœur de beaucoup dans l’Église latine, qui ont redécouvert avec admiration nos traditions. C’est quelque chose de nouveau que nous n’avions pas vu auparavant. »

14 mai 2025 : quelques heureux participants à l’audience avec le pape Léon XIV, l’une des premières après son élection le 8 mai dernier.

Le pape de la Paix

Depuis Rome, Mgr Mychajlo Bubnij, évêque gréco-catholique d’Odessa en Ukraine, a également fait part de ses impressions à l’AED, soulignant que le pape avait ouvert l’audience en saluant comme le font les fidèles du rite oriental : « Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! »

« Le pape s’est adressé à chacun d’entre nous, il nous a parlé personnellement. Ce fut une très belle expérience. Il nous écoute, nous comprend et veut construire un monde de vérité et de justice », a-t-il déclaré. « Il a particulièrement mentionné les personnes touchées par la guerre, comme en Ukraine et en Syrie, ainsi que tous ceux qui souffrent à cause des conflits. C’est le pape de la paix, ses premiers mots ont été : “La paix du Christ soit avec vous, la paix du Christ ressuscité”. Nous espérons qu’avec ce nouveau pontificat, une véritable paix régnera entre les peuples, dans le monde, entre les pays…. Il dit que nous devons purifier nos paroles des mensonges », a-t-il rappelé. Il a ajouté : « Léon XIV a reçu une invitation à se rendre en Ukraine, mais il a maintenant besoin de temps pour commencer son service en tant que pontife, pour comprendre ce qui l’attend. Il a accepté l’invitation et fera tout son possible pour rendre ce voyage possible… »

L’unité dans la diversité : un don pour toute l’Église

Dans son discours, Léon XIV a également mentionné le Tigré, la région du nord de l’Éthiopie marquée par de terribles violences lors de la guerre dévastatrice de 2020 à 2022. Mgr Tesfaselassie Medhin, évêque de l’Église catholique éthiopienne d’Adigrat, l’éparchie qui comprend le Tigré et l’Afar, était reconnaissant que l’un des premiers discours du pape Léon XIV se soit adressé aux Églises orientales : « L’essence du discours était la gratitude ; l’appréciation du patrimoine des Églises orientales, de leur spiritualité et de leur liturgie. Maintenir les Églises chrétiennes dans leur diversité et leur unité. Le Saint-Père a également encouragé l’Église persécutée et souffrante et a parlé de la façon dont elle donne de l’espérance aux autres. En le saluant, je l’ai remercié pour ses prières pour le Tigré, lui ai transmis les salutations des fidèles d’Adigrat et l’ai assuré de nos prières pour son ministère. Il m’a remercié. »

En 2024, l’AED a contribué à hauteur d’un peu plus de 17,78 millions de dollars pour soutenir 565 projets avec les Églises catholiques orientales. En outre, l’AED a également accordé 4,2 millions millions de dollars à des projets inter-rituels (c’est-à-dire des projets avec plus d’une Église catholique orientale ou des projets impliquant une Église catholique orientale et l’Église latine).

Les Églises catholiques orientales soutenues par l’AED en 2024 sont les suivantes : L’Église catholique grecque ukrainienne, l’Église maronite, l’Église catholique melkite, l’Église chaldéenne, l’Église catholique syriaque, l’Église catholique arménienne, l’Église catholique éthiopienne, l’Église catholique syro-malabare, l’Église catholique syro-malankare, l’Église catholique copte et plusieurs Églises catholiques grecques d’Europe de l’Est.