Un an après les violences contre les chrétiens qui ont abouti, le 16 août 2023, au saccage et à l’incendie de 25 églises dans le diocèse de Faisalabad, les chrétiens déplorent que les coupables n’aient toujours pas été traduits en justice.
Des membres éminents du clergé du diocèse de Faisalabad ont rapporté que les services de sécurité ont mis en garde les chrétiens de Jaranwala contre la tenue d’événements en plein air aujourd’hui (vendredi 16 août) qui marque le premier anniversaire des attaques. En une seule journée, une foule de milliers de personnes a incendié et saccagé plus de 25 églises et au moins 85 maisons chrétiennes dans ce que les évêques pakistanais ont qualifié de « pire incident contre les chrétiens » en 77 ans d’histoire du pays.
S’adressant à l’Aide à l’Église en Détresse (AED), Mgr Indrias Rehmat, l’évêque de Faisalabad (photo), a déclaré : « Les gens ont peur et se sentent désespérés parce que jusqu’à présent, justice ne leur a pas été rendue. Certaines personnes sont en colère et veulent faire des émeutes.
Ils exigent que nous agissions pour la justice,
mais que pouvons-nous faire ? La justice ne peut être rendue que par le gouvernement. Les coupables sont pour la plupart en liberté sous caution, ce qui bouleverse la communauté. »
Le père Yaqub Yousif, curé de la paroisse de Jaranwala, a déclaré que les cérémonies d’anniversaire d’aujourd’hui auraient lieu dans les églises, mais que les services de sécurité du gouvernement les avaient mis en garde contre les rassemblements à l’extérieur.
Le père Yousif et le père Boniface Mendes, prêtre principal du diocèse de Faisalabad, se sont fait l’écho de la consternation de l’évêque Rehmat face à l’incapacité à traduire en justice les personnes impliquées dans les violences.
Le père Yousif a déclaré : « Les gens sont troublés par l’absence de justice. Ils se sentent très en insécurité. Si les institutions chargées de rendre la justice ne peuvent pas aider, que peut faire le peuple en tant que minorité ? Ils ont peur ! »
Selon les derniers rapports de la Commission nationale (catholique) pour la justice et la paix (NCJP), l’organisation de défense des droits de l’homme de l’Église, seules cinq des 305 personnes arrêtées à la suite de l’atrocité du 16 août 2023 sont toujours derrière les barreaux.
La seule personne condamnée est un chrétien, Ehsan Shan, qui purge une peine d’emprisonnement à perpétuité pour blasphème après avoir été reconnu coupable d’avoir partagé sur les réseaux sociaux une image du Coran profané, ce qui a déclenché les violences.
Le Père Yousif a déclaré : « Je voudrais qu’il soit clair que les chrétiens n’ont jamais l’intention de manquer de respect au Coran ou au prophète. »
S’exprimant lors d’une visite aux bureaux nationaux de l’AED Royaume-Uni à Sutton, dans le Surrey (Sud de Londres), le père Mendes a déclaré : « Justice n’a pas été rendue au cours des 12 derniers mois. Les bonnes personnes auraient dû être condamnées, mais cela ne s’est pas produit. Le gouvernement a été si faible. Il a peur d’agir. Nous avons de plus en plus l’impression que le gouvernement est impuissant. Cela signifie que la communauté chrétienne a tendance à être de plus en plus repliée sur elle-même et à vouloir quitter le pays. »
26 maisons réparées sur 86
Le gouvernement pakistanais a agi rapidement pour indemniser les personnes touchées par les attaques, mais le NCJP rapporte que seules 26 des 86 maisons endommagées par les attaques ont été réparées.
Mais l’évêque Rehmat a déclaré qu’il avait arrêté dès le début les réparations de l’église parrainées par le gouvernement, affirmant que les entrepreneurs faisaient du mauvais travail et ne réparaient pas les toits, laissant les bâtiments dans un état qualifié de dangereux pour la sécurité.
Dix-neuf des 26 églises ciblées ont été réparées, le NCJP indiquant que la majeure partie de la rénovation avait été réalisée par les communautés chrétiennes elles-mêmes.
Mgr Rehmat a poursuivi en remerciant l’AED pour avoir fourni une aide d’urgence aux familles touchées qui rentrent chez elles, notamment en fournissant des articles ménagers de base pour les cuisines et les salles de bains et des meubles, ainsi que des poussepousses et d’autres moyens de transport pour les chauffeurs de taxi et d’autres personnes ayant besoin de redémarrer leurs activités.