Mgr Indrias Rehmat, évêque de Faisalabad, a exprimé sa déception à l’égard des autorités qui n’ont pas traduit en justice les responsables de l’une des pires attaques ayant eu lieu dans le pays à l’encontre de chrétiens et qui n’en font pas assez pour aider les victimes.
Soulignant la peur croissante parmi ses fidèles, Mgr Indrias Rehmat, évêque de Faisalabad (Pakistan), a déclaré que plus de sept mois après les atrocités commises à Jaranwala, au Pendjab, les personnes arrêtées étaient libérées les unes après les autres, et que personne n’avait été inculpé en lien avec ces violences.
Dans un entretien accordé à l’Aide à l’Église en Détresse (AED), l’œuvre de bienfaisance catholique qui soutient les chrétiens persécutés, l’évêque a déclaré que son appel à la justice était resté largement lettre morte depuis les attaques du 16 août, date à laquelle plus de 20 églises ont été incendiées et au moins 100 maisons de chrétiens ont été prises pour cible et vandalisées
Mgr Indrias Rehmat a déclaré : « Plus de 300 personnes ont été arrêtées [à la suite des atrocités], mais il est peu probable qu’elles soient traduites en justice. Peu à peu, les autorités ont commencé à les relâcher. Personne n’a été inculpé. » L’évêque a ensuite critiqué les travaux de réparation effectués par le gouvernement sur trois églises endommagées à la suite des attaques, affirmant qu’il était toujours dangereux d’y entrer.
Il a déclaré : « Je suis allé voir les travaux de réparations effectuées par le gouvernement dans les bâtiments endommagés, mais je leur ai dit d’arrêter. Ils voulaient montrer aux médias que tout allait bien alors qu’ils n’avaient fait que blanchir les murs. Pourtant, je pouvais encore sentir la fumée. Ils ont ainsi “rénové” trois églises. Le premier ministre est venu et a vu cela. Il n’est pas prudent de prier sous ces toits. »
Des gens toujours effrayés
L’évêque a ajouté : « Cela fait maintenant plus de sept mois que l’attaque a eu lieu. Nous voulons que justice soit rendue. Les coupables doivent être traduits en justice ; ce sera alors une leçon pour les autres. »
Tout en reconnaissant l’engagement du gouvernement à indemniser les victimes, il a déclaré qu’il fallait aller beaucoup plus loin. L’évêque a déclaré : « Le gouvernement s’est contenté de belles paroles, mais il n’a pas fait grand-chose en réalité. »
Il a ajouté : « Nous avons offert notre aide, d’autres frères et sœurs nous ont aidés, nous manifestant leur inquiétude, mais les autorités n’ont pas fait de même. Les coupables n’ont pas encore été arrêtés. Cela effraie les gens. » L’évêque a déclaré qu’il avait fait part de ses préoccupations lors d’une réunion avec des responsables de la police à Faisalabad.
Un rapport à mettre « à la poubelle »
Cette réunion a eu lieu après que la Cour suprême du Pakistan a rejeté le rapport du gouvernement du Pendjab sur sa réponse à l’incident de Jaranwala, le président de la Cour suprême, Qazi Faiz Isa, déclarant que le document « méritait d’être jeté à la poubelle. »
La Cour a reproché au rapport d’être trop peu détaillé et de ne donner que peu d’informations sur les progrès accomplis par les autorités en ce qui concerne la justice faite aux victimes. Le rapport indique qu’en dépit de l’enregistrement de 22 affaires et de l’arrestation de 304 personnes, seuls 18 rapports de première information avaient été produits sur une période de six mois.
Dans l’entretien accordé à l’AED, Mgr Rehmat a expliqué que, sous la direction du curé de la paroisse locale, le père Khalid Mukhtar, l’Église avait travaillé avec les victimes qui cherchaient à obtenir justice à la suite des dommages causés à leurs biens et du pillage de bijoux et d’autres objets précieux. Il a également présenté un rapport sur l’état d’avancement des travaux de rénovation soutenus par l’AED et par d’autres organisations, affirmant que l’Église était sur le point d’achever les réparations de 150 maisons de chrétiens à Jaranwala, qui avaient été endommagées le 16 août.
L’évêque a déclaré que l’Église avait fourni aux familles des meubles, des lits, des verres et de la vaisselle pour remplacer les objets perdus lors des attaques lancées contre les maisons des chrétiens. Juste avant Pâques, grâce aux fonds fournis par l’AED, l’évêque a distribué de l’aide, notamment des rations alimentaires pour un mois, ainsi que d’autres produits ménagers.
En ce qui concerne l’aide à venir, l’évêque a expliqué que 15 familles recevraient des motocyclettes, et 13 autres recevraient des tuk-tuks (véhicules motorisés à trois roues typiques des pays asiatiques) pour les aider à trouver du travail en tant que chauffeurs de taxi et coursiers. Jusqu’à 400 enfants recevront du matériel scolaire — des livres et des cartables.
Remerciant Aide à l’Église en Détresse (AED) pour son soutien aux victimes de Jaranwala, l’évêque a déclaré : « Nous sommes très reconnaissants de votre important soutien. Nous tous, moi-même, mes prêtres, les fidèles, prions pour l’AED et tous les bienfaiteurs.