Pakistan : des jeunes filles chrétiennes continuent à subir abus et discrimination

Un rapport rédigé par le père Lazar Aslam, religieux franciscain, décrit la détresse des jeunes filles et femmes qui ont été victimes de viols, d’enlèvements et de mariages forcés dans un pays où la loi accorde rarement les mêmes droits aux chrétiens qu’aux autres. (Photo de bannière : publié en 2022, le rapport Entendez ses pleurs mettait en lumière la violence faites aux femmes des minorités religieuses, dont celles du Pakistan.)

Samiya avait seulement 17 ans lorsqu’elle est partie, le 14 février dernier, rejoindre son travail de femme de ménage dans un immeuble de Lahore, au Pakistan. À la fin de la journée, comme elle ne répondait pas au téléphone, sa mère est venue la chercher, et elle l’a trouvée morte sur le sol. Les propriétaires de l’appartement où elle a été retrouvée ont prétendu qu’elle s’était suicidée, mais un rapport médical a révélé que Samiya avait subi un viol collectif avant d’être assassinée.

Le père Aslam avec la famille d’une jeune fille nommée Jessica.

La famille de Samiya a porté plainte, mais la justice peut être lente au Pakistan, spécialement quand les victimes appartiennent à des minorités religieuses comme les chrétiens. Trois mois plus tard, aucune avancée n’avait été constatée dans cette affaire.

L’histoire est très grave et constitue une parmi de nombreuses autres décrites dans un rapport rédigé par le prêtre franciscain Lazar Aslam et envoyé à l’œuvre pontificale Aide à l’Église en Détresse (AED). Tout aussi troublant est le cas de Shifa, kidnappée par un voisin en novembre 2023; celui-ci a déclaré à sa famille qu’un autre homme avait pris leur fille. Agée de 14 ans, Shifa a ensuite été forcée de se convertir à l’islam, de se marier à un homme de 48 ans qui, par la suite, l’a divorcé. Il l’a rendue à son ravisseur initial, qui est suspecté de l’avoir fait travailler comme prostituée. Après avoir tenté, en vain, de retrouver Shifa, sa famille a contacté le Père Aslam. Son équipe juridique s’efforce présentement de la localiser afin de la rendre à ses parents.

Une jeune fille, Saba, aussi victime de la violence insensée contre les femmes de minorités religieuses au Pakistan.

Un cas similaire s’est produit en janvier 2025 lorsqu’une jeune fille de douze ans appelée Saba a été enlevée et convertie de force par un musulman plus âgé qui avait déjà deux autres femmes.

Une liste d’horreur

Parfois, des équipes juridiques dévouées obtiennent certaines victoires devant les tribunaux. C’est le cas de Yarusha, une jeune fille de 13 ans contrainte à épouser un homme de 35 ans. Le mariage d’un mineur est illégal au Pakistan, de sorte que, même si elle était consciente des documents qu’elle signait, ils n’auraient pas été valides. Heureusement, Yarusha n’a pas été kidnappée; ses parents l’ont donc gardée à l’abri à la maison pour la protéger. La police n’a pas coopéré, mais la famille a demandé à l’équipe du Père Aslam d’intervenir et a réussi à obtenir une décision de justice favorable à la famille. Le Père Aslam regrette toutefois que le coupable n’ait pas été tenu responsable de la souffrance et de la douleur causées à la jeune fille et à sa famille.

Le rapport du Père Aslam met aussi en lumière des cas de viols, comme celui d’Asma, une jeune fille de 20 ans qui a été attirée dans une voiture par une connaissance, le 3 mai 2025. Elle a été conduite dans une résidence privée et violée par quatre hommes. Les criminels ont filmé la scène et dit à Asma qu’ils diffuseraient les images si elle ne satisfaisait pas leurs futures demandes sexuelles.

La famille d’Asma continue à prier pour garder courage.

« Asma et sa famille sont désormais l’objet de menaces et d’intimidations permanentes. Ils vivent dans une peur constante en raison de l’existence des vidéos des viols et du danger de nouvelles représailles. Malgré leurs appels répétés, les forces de l’ordre locales n’ont fourni qu’une coopération minimale, et il n’y a pas eu d’avancée visible dans l’enquête », écrit le Père Aslam dans son rapport à l’AED.

Dernière histoire, et pas la moins tragique, celle de Shumaila. Elle voyageait avec son mari lorsque le couple a été arrêté par des hommes armés qui les ont dévalisés. Lorsque les hommes ont réalisé que les victimes étaient des chrétiens, les trois criminels ont intensifié leur agression, frappant sévèrement le mari et violant la jeune femme devant lui, avant de s’enfuir.

« Nous demandons justice pour cette famille et nous appelons l’État à garantir la sécurité de cette famille pauvre et appartenant à une minorité, alors que les coupables sont puissants et ont déjà proféré des menaces », écrit le P. Aslam.

Réagissant aux conclusions présentées dans le rapport du Père Aslam, la présidente du conseil exécutif de l’AED, Regina Lynch, a appelé à augmenter la protection des minorités religieuses au Pakistan, en particulier des jeunes filles.

« Les chrétiens ne représentent que 1,3 % de la population du Pakistan et font souvent partie des citoyens les plus pauvres et les plus délaissés. Aide à l’Église en Détresse a un grand nombre de projets au Pakistan et a, à plusieurs reprises, attiré l’attention sur des cas de discrimination, en particulier à l’encontre des jeunes filles. Nous continuons à appeler tous nos amis et bienfaiteurs à prier pour ces victimes innocentes », a-t-elle déclaré.

« En tant qu’œuvre pontificale dédiée à protéger, soutenir et défendre les chrétiens dans le besoin partout dans le monde, nous restons déterminés à intervenir sur ce sujet qui continue d’affecter l’existence de la communauté chrétienne au Pakistan et dans d’autres pays, et nous demandons aux autorités politiques de faire tout leur possible pour les protéger », a ajouté Regina Lynch.