Nigeria – Un évêque exhorte le gouvernement à améliorer la sécurité ou à en assumer les conséquences

L’archevêque de Kaduna, au Nigeria, s’est rendu dans le village d’Adama Dutse, qui a subi une attaque en février causant de destructions massives et faisant onze morts. (Photo : prière au cimetière où sont enterrées les 11 victimes).

À la suite d’une nouvelle attaque contre une communauté chrétienne dans son diocèse par des hommes armés non identifiés, Mgr Matthew Man’Oso Ndagoso, archevêque de Kaduna, a exprimé sa déception à l’égard du gouvernement fédéral pour ne pas avoir assuré la sécurité de la population.

La population du village réunie lors de la visite de Mgr Ndagaso.

Ces déclarations ont été faites lors d’une visite de Mgr Ndagoso au village d’Adama Dutse, à Kajuru, un gouvernement local de l’État de Kaduna, la semaine dernière. Selon les informations fournies à l’œuvre internationale Aide à l’Église en Détresse (AED), Adama Dutse a été attaqué à l’aube du dimanche 18 février, faisant 11 morts – quatre hommes, deux femmes et cinq enfants – et sept blessés. L’attaque a également entraîné la destruction de 28 maisons et de l’église catholique locale. Avant de partir, les hommes armés ont mis le feu aux réserves de nourriture.

Mgr Matthew Man’Oso Ndagoso, archevêque de Kaduna, a visité l’église Saint-Jules, lourdement endommagée par les flammes.

Immédiatement après les évènements, Mgr Matthew Man’Oso Ndagoso, qui assistait à la réunion plénière de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria en dehors du diocèse, a envoyé des représentants dans le village pour évaluer les dégâts et réconforter les survivants.

Mgr Ndagoso a remercié les services de sécurité locaux, affirmant que s’ils n’avaient pas réagi aussi rapidement, la situation aurait certainement été bien pire, mais il a exprimé de vives critiques contre le gouvernement qu’il a accusé de ne pas fournir aux forces de sécurité locales suffisamment d’armes et de matériel technologique pour lutter contre le terrorisme qui sévit dans le pays.

Si le gouvernement ne peut pas tenir ses promesses, il doit prendre ses responsabilités et en assumer les conséquences, a suggéré l’archevêque.

« Personne n’a d’excuse pour laisser ce pays dans un état pire que celui dans lequel il se trouvait lorsque vous êtes arrivés au pouvoir.  Vous avez promis aux Nigérians que vous alliez améliorer le pays, alors prenez les mesures nécessaires pour y parvenir. Il a été dit à maintes reprises que si vous ne tenez pas votre promesse, la chose honorable à faire est d’en assumer les conséquences.  Cependant, si vous restez au pouvoir, faites tout ce qu’il faut pour protéger nos vies et améliorer le pays. »

« Il s’agit d’une communauté agraire et la plupart des aliments que nous consommons [dans le pays] proviennent des communautés rurales. Par conséquent, nous ne faisons que rappeler au gouvernement ses responsabilités », a déclaré l’archevêque. En outre, il a souligné que, bien que dans ce cas, la population ait décidé de rester dans le village, dans de nombreuses autres communautés, les terres cultivées sont abandonnées, ce qui entraîne des pénuries alimentaires.

Une partie du village détruite durant l’attaque qui s’est produite à l’aube du dimanche 18 février dernier, faisant 11 morts – quatre hommes, deux femmes et cinq enfants – et sept blessés.

Une partie de l’archidiocèse de Kaduna est située dans la Middle Belt (ceinture du milieu) du Nigeria, territoire qui a été durement touché par la violence ces dernières années. Des agriculteurs, pour la plupart chrétiens, ont été attaqués par des nomades, majoritairement musulmans, dans le cadre de conflits fonciers. Ces différends conduisent parfois à des persécutions religieuses à l’encontre des chrétiens. Les gouvernements successifs ont promis de s’attaquer au problème, mais en vain. L’AED finance de nombreux projets à Kaduna et dans d’autres diocèses de la Middle Belt (ceinture du milieu) et du nord du Nigeria.