L’AED profondément préoccupée par la situation de l’Église
L’œuvre de charité pontificale Aide à l’Église en Détresse (AED) appelle à prier pour l’Église du Nicaragua et pour l’évêque nicaraguayen déclaré coupable pour la trahison le 10 février.
En union avec le pape François qui, après avoir prié l’Angélus le 12 février, a exprimé sa tristesse et son inquiétude, l’AED demande de ne pas oublier la terrible situation que vit Mgr Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa et administrateur apostolique du diocèse d’Estelí, et demande de prier pour lui et pour tous ceux qui souffrent au Nicaragua.
Selon différents médias locaux, le gouvernement arrêterait et réprimanderait actuellement les prêtres faisant mention de Mgr Rolando Álvarez pendant leurs sermons, au motif qu’il s’agirait d’une « activité interdite. » Au moins deux prêtres auraient été arrêtés à Madriz et Nueva Segovia pour avoir mentionné ou prié pour l’évêque lors de leurs célébrations dominicales.
Face à cette tentative de faire taire les prières du peuple nicaraguayen, l’AED appelle ses bienfaiteurs du monde entier à prier avec encore plus de ferveur pour l’Église nicaraguayenne, afin qu’elle ne se sente pas abandonnée en ces temps difficiles et qu’elle puisse continuer à annoncer l’Évangile et à accompagner son peuple, surtout les plus faibles et les plus pauvres.
Condamné pour avoir trahi la patrie
La condamnation de Mgr Rolando Álvarez est intervenue un jour après qu’il ait refusé de quitter le pays en même temps que plus de 200 prisonniers politiques, dont plusieurs prêtres et séminaristes, accusés de « conspiration » et expulsés vers les États-Unis. Parmi les personnes expulsées du pays figurent le père Óscar Benavidez, le père Ramiro Tijerino, le père Sadiel Eugarrios, le père José Díaz et le père Benito Martínez, ainsi que le diacre Raúl Veja. Les séminaristes Melkin Centeno et Darvin Leyva ont également été expulsés, ainsi que deux responsables de la communication sociale du diocèse de Matagalpa, Manuel Obando et Wilberto Astola. Tous avaient été emprisonnés pour avoir porté atteinte à « l’indépendance, la souveraineté et l’autodétermination du peuple », et incité à « la violence, au terrorisme et à la déstabilisation économique. »
L’évêque de Matagalpa, assigné à résidence depuis le matin du 19 août dernier, faisait partie de la liste des personnes à expulser, mais il s’y est opposé.
En réaction à ce refus, son procès, prévu pour le mercredi 15 février, a été avancé et le juge a prononcé une peine de 26 ans, ce qui signifierait que Mgr Álvarez devrait rester en prison jusqu’en 2049. Il a été déclaré « traître à la patrie » et coupable de « complot en vue de porter atteinte à l’intégrité nationale et de diffusion de fausses nouvelles au moyen de technologies de l’information et de communication au détriment de l’État et de la société nicaraguayenne. »
Une tentative de faire taire l’Église
L’AED avait déjà attiré l’attention sur la situation des catholiques au Nicaragua en août 2022. À l’époque, Regina Lynch, directrice des projets à l’AED Internationale, avait dénoncé « une tentative de faire taire l’Église au Nicaragua. »
« Le Nicaragua continue d’être secoué par la crise qui a commencé il y a plus de quatre ans. La situation dans ce pays d’Amérique centrale est critique, avec une grande polarisation et beaucoup d’affrontements. Nous pensons qu’en ce moment, la prière est plus importante que jamais », avait déclaré Mme Lynch.
L’œuvre de charité est préoccupée par les nouvelles qu’elle reçoit régulièrement de prêtres qui n’ont pas été autorisés à revenir dans le pays, par les restrictions de visa pour les religieuses et les religieux, par le contrôle et la surveillance des déplacements des prêtres et des évêques, par l’espionnage des homélies ainsi que par l’interdiction des processions et des célébrations religieuses.
Compte tenu de la forte détérioration de la situation politique et sociale, l’engagement de l’Église dans son rôle de médiatrice de la paix et de promotrice de la réconciliation dans le pays a conduit les fidèles et les prêtres à être victimes de répression, de fausses accusations, d’arrestations injustes et de peines de prison.
Des centaines d’attaques contre l’Église
En novembre 2022, une nouvelle édition actualisée du rapport « Nicaragua : une Église persécutée ? », de l’avocate et chercheuse Martha Patricia Molina Montenegro, a été publiée. Selon ce rapport, l’Église catholique a fait l’objet de 396 attaques entre avril 2018 et octobre 2022 dans ce pays d’Amérique centrale.
Parmi les près de 400 cas documentés, on signale des profanations, des vols, des menaces et des discours de haine. Au cours de cette période, plusieurs évêques, prêtres, religieux et laïcs ont été la cible de représailles de la part des autorités.
La mesure drastique que le gouvernement a prise contre Mgr Álvarez est un pas de plus dans la spirale de la confrontation avec l’Église et ses membres et fait suite à des épisodes tels que l’expulsion du nonce apostolique, Waldemar Stanislaw Sommertag, en mars 2022, et l’exil forcé des Missionnaires de la Charité, la congrégation fondée par Sainte Mère Teresa de Calcutta, ainsi que d’autres religieux et prêtres. En outre, le gouvernement a fermé la chaîne de télévision de la conférence épiscopale et d’autres stations de radio catholiques et il a nationalisé l’Université catholique qui appartenait au diocèse d’Estelí.