Depuis lundi 23 septembre, l’armée israélienne bombarde lourdement des cibles du Hezbollah dans l’est et le sud du Liban, semant la terreur parmi la population. Le bilan provisoire fait état de plus de 550 morts.
La vague de frappes aériennes visant les bastions du Hezbollah au Liban a un effet dévastateur sur l’ensemble de la population, y compris les chrétiens, et pourrait pousser encore plus de personnes à quitter le pays, a déclaré Marielle Boutros (photo), coordinatrice de projet pour l’œuvre pontificale Aide à l’Église en Détresse (AED) au Liban.
Lors d’une visite au siège de l’œuvre à Königstein, en Allemagne, Marielle Boutros a déclaré que même si le Hezbollah semble être la cible principale, toute la population en ressent les effets.
« Cela affecte tout le monde, parce que tout le Sud-Liban est pris pour cible, et il y a beaucoup de chrétiens là-bas. Ce ne sont pas des zones purement chiites ou du Hezbollah, beaucoup de familles chrétiennes y vivent. Certains ont perdu leur maison et se déplacent maintenant vers d’autres endroits à Beyrouth, au Mont-Liban et dans le nord, pour trouver la sécurité », explique-t-elle.
Les attaques ont également touché plusieurs cibles à Beyrouth, bien qu’elles aient été principalement confinées aux zones chiites, où le Hezbollah, un parti politique et une milice chiite, a la plupart de ses soutiens. « Mais Beyrouth n’est pas une grande ville, donc si une partie de Beyrouth est ciblée, tout Beyrouth le ressentira, et toute la journée, les gens entendent le bruit des avions militaires ou des drones », explique la coordinatrice de projet de l’AED pour le Liban.
Pendant des décennies, le Liban a vu un flux constant de chrétiens émigrer dans les pays occidentaux à la recherche d’une vie meilleure et plus sécurisée. Marielle Boutros craint que cette nouvelle guerre entraîne un nouvel exode, diminuant davantage la présence et l’influence des chrétiens dans la région. « J’ai 37 ans et j’ai vécu plus de cinq guerres au Liban. Il n’est pas facile de vivre dans un pays où un jour on va bien, et le lendemain on se cache des missiles. Ce n’est pas le genre de vie que les jeunes aiment vivre. Le traumatisme que les gens vivent aujourd’hui, et le traumatisme d’une nouvelle guerre, ne seront pas facilement oubliés », explique-t-elle.
Heureusement, selon Marielle, les projets actuels de l’AED n’ont pas été directement touchés, bien qu’ils soient maintenant plus nécessaires que jamais. « Une guerre de faible intensité se déroule depuis le 7 octobre dans le sud du pays, de sorte que les projets dans cette région et dans la vallée de la Bekaa consistent principalement à aider les populations par la distribution de nourriture et de produits sanitaires. Ces attaques n’ont arrêté ou directement affecté aucun projet. Il est vrai que les écoles, que nous soutenons également très fortement, sont fermées, mais cela est temporaire, et elles passent désormais à l’enseignement en ligne. »
La coordonnatrice de projet pour le Liban commence déjà à réfléchir à la manière dont l’œuvre pourrait aider désormais, après cette nouvelle crise. « Les gens vivent maintenant dans des salles paroissiales, ils auront donc besoin de nourriture, de produits sanitaires, de matelas, de couvertures, et si cela continue, nous aurons besoin de chauffage pour l’hiver, même si, bien sûr, nous espérons que cela ne durera pas aussi longtemps. »
L’AED mène actuellement plus de 300 projets au Liban. L’organisation caritative catholique est profondément engagée dans le pays depuis de nombreuses années, et cette relation n’a fait que s’approfondir avec la récente crise économique au Liban, ainsi que l’explosion massive du port qui a détruit une grande partie de Beyrouth.
Outre cette aide matérielle, Marielle Boutros continue d’appeler tous les bienfaiteurs et amis de l’AED à prier pour la paix « qui viendra enfin au Liban et dans toute la région, et pour une fin juste du conflit actuel ».