Les Irakiens sont terrifiés à l’idée que la guerre en Terre sainte engloutisse la région, selon un archevêque de premier plan, qui appelle les gouvernements du monde entier à œuvrer pour ramener la paix. Des propos qu’il a partagés le 3 novembre dernier lors d’une visite à l’Abbaye de Westminster, et que John Pontifex de notre bureau britannique a résumés pour nous. Malheureusement, la résonnance est toujours aussi forte aujourd’hui, alors que le son des canons et des fusils résonne toujours en Terre sainte. (Photo de couverture, 2014 : la salle Sainte-Marie à Bashiqa, totalement détruite et maintenant reconstruite).
Mgr Bashar Warda, archevêque catholique chaldéen d’Erbil, craint qu’une escalade du conflit ne déclenche une nouvelle vague de migrations, avec des conséquences dévastatrices pour la communauté chrétienne qui a déjà été décimée par la guerre et l’extrême pauvreté.
S’adressant à l’Aide à l’Église en Détresse (AED), œuvre de charité catholique qui est au service des chrétiens persécutés, l’archevêque d’Erbil, dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien, a déclaré : « Les gens [en Irak] ont vraiment peur que la violence ne s’étende au-delà de Gaza. Je prie au nom de tout le peuple — en particulier des minorités, qui ont tendance à souffrir plus que les autres, en particulier dans les situations de conflit : “S’il te plaît, mon Dieu, pas d’autre guerre.” »
L’archevêque a ajouté : « Nous demandons à tous les dirigeants et à tous ceux qui ont de l’influence de calmer la situation. Dieu nous garde que cette guerre aille au-delà de ce que nous avons vu ces derniers temps. Les règlements de comptes des vieux problèmes mettraient en péril la cohésion sociale de toute la région. La situation en Syrie n’est pas réglée, pas plus qu’elle ne l’est en Irak. »
Mgr Warda a déclaré que son peuple était sur le qui-vive et que certains hésitaient encore à rester dans le pays, à la suite des récentes violences et persécutions perpétrées par l’État islamique (EI), Al-Qaïda et d’autres groupes de milices extrémistes.
Affirmant que « les blessures causées par l’État islamique n’ont pas encore cicatrisé », l’archevêque a ajouté : « La violence pourrait déclencher encore plus de migrations. La peur est toujours là. Ce n’est pas comme si la guerre que nous avons eue avait eu lieu il y a 30 ans. C’était il y a moins de 10 ans. »
Avant 2002, l’Irak abritait plus de 1,2 million de chrétiens, mais les persécutions, les violences et la pauvreté ont provoqué une émigration massive de chrétiens, et Mgr Warda a déclaré qu’il n’en restait aujourd’hui qu’environ 150 000.
« Pour nous, en tant qu’Église, s’il n’y a pas de fidèles autour de nous, à quoi bon avoir des structures ? Nous ne sommes pas comme une ONG. Nous dépendons de la présence du peuple. »
L’archevêque a ensuite remercié l’AED ainsi que d’autres organisations pour leur aide d’urgence et pastorale, en particulier pendant les années de crise qui ont culminé avec l’invasion de Mossoul, deuxième plus grande ville d’Irak, par l’État islamique (EI), et des plaines de Ninive, situées à proximité, qui sont l’ancienne patrie des chrétiens.
Il a particulièrement souligné le soutien de l’AED au programme des « Bourses du pape François », qui parraine des étudiants de l’Université catholique d’Erbil, institut fondé par Mgr Warda. Mgr Warda a accordé cet entretien lors d’une visite à Londres où il a prêché à l’abbaye de Westminster lors d’une messe de la Toussaint, en mémoire des martyrs de l’Église. Dans son homélie, l’archevêque a rappelé les sacrifices de si nombreux fidèles pendant les années d’emprise d’Al-Qaïda, de l’État islamique (EI) et d’autres milices, et a salué l’héroïsme des martyrs, y compris son ami proche, le père Ragheed Ganni, qui a été abattu en juin 2007 pour avoir refusé de fermer son église à Mossoul.