Conflit en Terre sainte (2)

Voici une deuxième série de témoignages que l’Aide à l’Église en Détresse a reçu provenant de la Terre sainte. Merci de continuer à prier pour la paix en Terre sainte.

Jérusalem, ville de paix… en état de guerre

À Jérusalem-Est, où l’on compte quelque 10 000 chrétiens, la situation est également très difficile. En effet, 40 % d’entre eux dépendent également du secteur touristique et beaucoup ont perdu leur emploi. Les hôtels sont vides. Les touristes sont partis et de nombreux bâtiments servent de logements de fortune à l’armée de réserve et aux familles qui ont fui les régions du sud d’Israël proches des frontières de Gaza. La plupart des chrétiens qui travaillaient dans ces hôtels se retrouvent sans emploi.

Photo d’archive : en 2020, au plus fort de la pandémie de la COVID-19, les rues de Jérusalem et les lieux touristiques et de pèlerinages ont été désertés. Depuis le 7 octobre dernier, la même chose se répète, jetant au chômage un grand nombre de chrétiens.

« Mais la foi grandit dans les cœurs. En effet, les signes de solidarité sont nombreux. Certaines personnes qui ont conservé leur emploi ont décidé de donner 15 % de leur salaire aux familles les plus pauvres. La crise rapproche beaucoup les catholiques, mais la plus grande difficulté réside dans les soins de santé », explique Mr Akroush.

Le père Artemio Vitores, un franciscain espagnol qui s’occupe de l’église du Cénacle, écrit à l’AED : « Je ne veux pas être trop pessimiste, mais la situation actuelle n’a pas grand-chose à voir avec la paix. Jérusalem devrait être un signe de paix et d’harmonie pour tous, c’est une ville sainte pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. Comme c’est difficile ! La paix est un don de Dieu, mais elle se réalise avec la coopération de tous les êtres humains.

La situation est très difficile, et nous faisons confiance au Seigneur pour qu’elle ne s’aggrave pas. Nous devons prier le Seigneur et Marie, la Reine de la Paix, pour que la violence et l’intolérance ne règnent pas, mais que la concorde et l’amour prévalent, et que les pèlerins puissent retourner en Terre sainte dans la paix et la joie. Ne nous oubliez pas dans vos prières ! »

Le mal ne peut pas avoir le dernier mot 

Enfin, il y a aussi une communauté chrétienne répartie dans d’autres régions d’Israël, une communauté très diverse comprenant des visiteurs, des étudiants, des volontaires, mais aussi environ 110 000 travailleurs étrangers.

Tous, étrangers originaires d’autres pays ou personnes ayant la double nationalité, ont vécu de près la peur des attaques terroristes, ainsi que la douleur et l’angoisse de leur famille, de leurs amis ou de leurs collègues. 

Holly, une ressortissante américaine, se trouvait à Jérusalem lorsque le monde tel qu’elle le connaissait s’est effondré. « Ces derniers jours ont été terriblement longs et déchirants. Mon cœur se brise à cause des atrocités inhumaines et impensables perpétrées par le Hamas. Le jour de l’attaque initiale, le nombre de Juifs assassinés en une seule journée a été le plus élevé depuis l’Holocauste. C’est vraiment inimaginable »

Les membres de sa famille et ses amis l’ont immédiatement aidée à trouver un billet d’avion pour rentrer chez elle. « Même si j’avais le cœur lourd, j’ai fait mes valises. Mais dimanche, j’ai reçu un message qui a changé tous ces plans en moins d’une minute » explique-t-elle. Une organisation humanitaire lui a demandé, par l’intermédiaire d’un ami, de s’occuper des familles juives déplacées de Sderot, ville située à la frontière avec Gaza. « Ces familles ont dû quitter précipitamment leur maison pour échapper à des terroristes sans pitié. Je me suis immédiatement portée volontaire pour les aider », raconte Holly à l’AED.

Photo d’archive : rues désertes de Jérusalem en 2020 (COVID-19). Aujourd’hui, elles sont de nouveau vides.

« Je devais rester. Je veux aider de toutes les manières possibles. Il a été particulièrement difficile de l’annoncer à mes parents. Nous nous retenions tous de pleurer lorsque je leur ai annoncé la nouvelle. Ils ont été très compréhensifs et cela signifie beaucoup pour moi. En même temps, je sais que c’est très difficile pour eux ».

« J’ai vécu en Pologne pendant trois ans et j’ai visité de nombreux lieux horribles où l’Holocauste a eu lieu. En tant que croyante et chrétienne, je me suis souvent demandé pourquoi tout ce mal était arrivé. Aujourd’hui, si j’ai la possibilité d’aider, je dois le faire ».

À Gaza, à Jérusalem, en Cisjordanie et en Israël, l’Aide à l’Église en Détresse reçoit des récits de douleur et de peur, mais aussi des témoignages de foi, de sacrifice et de dévouement. C’est la réponse chrétienne pour montrer que le mal n’a pas le dernier mot.

Lorsque Mgr Pierbattista Pizzaballa a été nommé patriarche latin de Jérusalem, il a écrit un message aux chrétiens de son diocèse : « Le pallium nous rappelle que, par notre baptême, nous avons choisi de prendre sur nous le joug du Christ, le poids et la gloire de la croix, qui est l’amour donné jusqu’à la mort et au-delà ».

Liban : « Nous ne voulons pas d’une autre guerre ».

L’autre grande crainte est que, en cas d’offensive massive, le Liban entre en guerre, ce qui signifierait une terrible escalade de la violence et de la mort qui se propagerait à Israël et au Liban. Les deux pays ont déjà énormément souffert de la guerre.

Statue de la Mère de Dieu, Liban.

Au Liban, pays déjà frappé par une terrible crise économique et politique, l’inquiétude, la peur et l’expectative règnent. Des fidèles du diocèse de Tyr, dans le sud du pays, ont déjà trouvé refuge à Beyrouth. La situation actuelle leur rappelle les moments difficiles et douloureux vécus lors des précédentes guerres sur leur terre. 

Marielle Boutros, une jeune Libanaise chargée de projet pour pour l’AED au Liban, explique : « Ce dont nous sommes témoins aujourd’hui à Gaza et dans le sud du Liban fait resurgir de vieilles peurs. Nous sommes hantés par les ombres de la guerre de 2006. En tant que chrétiens vivant au Liban, nous prions pour les victimes et leurs familles, mais nous sommes également inquiets pour notre propre pays : nous ne voulons pas que le Liban soit entraîné dans une nouvelle guerre. Ma génération a déjà vécu deux guerres. Nous ne voulons pas revivre tout cela à nouveau. »

Une guerre qui pourrait s’étendre au Moyen-Orient

Les chrétiens du Liban, mais aussi de Syrie, d’Irak, de Jordanie, d’Égypte et d’autres pays de la région observent avec inquiétude l’issue de ce conflit. Lors d’une visite en septembre au siège international de l’AED, le patriarche de l’Église catholique melkite, Sa Béatitude Youssef Absi, a souligné l’importance pour l’ensemble du Moyen-Orient de trouver une solution au conflit israélo-palestinien : « La question palestinienne est la question principale. C’est très clair pour nous tous ici. Sans solution à la question palestinienne, il n’y a pas de solution pour le Moyen-Orient », a déclaré le patriarche Youssef Absi.

Croix Copte, Égypte.

Les troubles politiques endémiques, l’extrémisme islamique, les persécutions, les guerres, les injustices socio-économiques et la discrimination dont sont victimes les chrétiens ont entraîné une émigration massive dans tous ces pays. « La deuxième Intifada a entraîné l’émigration de 500 familles chrétiennes de Palestine. C’est avec un grand regret que j’ose dire que si cette guerre ne se termine pas bientôt, nous assisterons à une nouvelle vague d’émigration en provenance de la Terre sainte. C’est pourquoi nous devons faire tout ce qui est possible pour sauver ce qui peut l’être en ces temps critiques », déclare George Akroush.