La collaboration étroite entre Aide à l’Église en Détresse (AED) et celui qui est maintenant le pape Léon XIV a tracé un chemin de service et d’évangélisation au Pérou. Depuis les terres andines jusqu’à l’Amazonie, les projets de l’AED ont apporté espérance et présence pastorale là où ils étaient le plus nécessaires. Dans un entretien, Luis Vildoso, Péruvien et responsable des projets de l’œuvre pontificale de charité pour l’Amérique latine, parle des fruits de ce travail et des défis actuels auxquels l’Église du Pérou est confronté. (Bannière de couverture : À Rome les 22 et 23 juin 2023, première rencontre de coopération synodale des organisations ecclésiales, après la Messe dans les Catacombes de Saint-Pierre. Le futur pape Léon XIV présidait la messe.)
L’AED a travaillé en étroite relation avec des diocèses du Pérou, comme ceux de Chiclayo et Callao à un moment où celui qui est maintenant le pape Léon XIV en était encore l’évêque. Comment s’est passée cette collaboration et quels projets avez-vous mené à bien ensemble ?
Le pape Léon XIV est arrivé au vicariat augustinien de San Juan de Sahagún à Chulucanas, au Pérou, en 1985, et a travaillé dans diverses paroisses. Ensuite, il a fait partie de l’équipe de formation du grand séminaire San Carlos y San Marcelo, dans l’archidiocèse de Trujillo, où il a aussi été vicaire judiciaire avant d’être nommé évêque de Chiclayo et administrateur apostolique de Callao.

Nous avons eu une collaboration très proche et fraternelle. Au cours de son ministère épiscopal à Chiclayo et Callao, celui qui est maintenant Léon XIV a toujours montré une grande sensibilité pastorale et un remarquable zèle apostolique. L’AED a pu travailler avec lui sur des projets très concrets, notamment liés à la formation des séminaristes du séminaire Santo Toribio de Mogrovejo, au soutien des communautés religieuses féminines – en particulier dans des lieux où il n’y a pas de prêtre résident -, au soutien des prêtres par le biais des intentions de messes, à la construction de centres pastoraux et à la réparation de chapelles dans des zones rurales ainsi qu’à des programmes de formation de la foi pour les laïcs. Son esprit missionnaire s’est ainsi manifesté, rapprochant l’Église des fidèles et de la population.
Quels sont les principaux besoins de l’Église au Pérou ?
Au Pérou, l’Église fait face à des défis importants. Je retiendrais trois aspects :
Le premier est le manque de prêtres. Au Pérou, il y a environ 3 000 prêtres pour une population de plus de 30 millions de personnes. Cela veut dire qu’en moyenne, un prêtre doit servir et accompagner 10 000 personnes. Il y a des zones, spécialement dans les Andes et en Amazonie, où ce ratio dépasse les 15 000 fidèles par prêtre. L’écart avec l’Europe, où le ratio est de 1 500 personnes par prêtre, est énorme. C’est pourquoi l’AED est engagée dans le soutien à la formation des séminaristes et des religieuses au Pérou ainsi que dans des programmes de promotion des vocations.
Par ailleurs, le Pérou est le troisième plus grand pays d’Amérique du Sud, après le Brésil et l’Argentine. Sa superficie est deux fois et demie supérieure à celle de l’Espagne et sa géographie est complexe, puisqu’on peut passer du niveau de la mer à plus de 6000 mètres d’altitude. L’Église, particulièrement dans les Andes et en Amazonie, est la seule organisation présente dans des lieux reculés, apportant l’espérance de l’Évangile. C’est pourquoi l’AED aide l’Église à se doter de moyens de transport, non seulement des voitures mais aussi des bateaux, par exemple, en Amazonie.
Enfin, il y a un exode rural massif vers les villes, qui entraîne une expansion galopante de ces dernières. Pour cette raison, l’AED aide l’Église à être également présente dans les zones périphériques, en soutenant l’accompagnement pastoral et spirituel des fidèles, en aidant à la construction de chapelles, d’églises et de centres pastoraux, ainsi qu’en finançant la formation de la foi des laïcs. C’est une mission vaste, traversée par de nombreux défis mais pleine d’espérance.

Pour l’AED, que signifie le fait d’avoir travaillé si étroitement avec celui qui vient d’être élu pape ?
C’est une joie immense et une bénédiction. Si on y réfléchit plus précisément, c’est très intéressant parce qu’il est une personne qui a la capacité de relever les grands défis de l’Église universelle et, en même temps, de maintenir le contact avec la réalité concrète et simple des fidèles. L’AED a collaboré avec lui non seulement alors qu’il était évêque au Pérou, mais aussi dans son rôle de président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. Lors d’une réunion, j’ai eu l’occasion de lui parler un moment et je me suis présenté comme Péruvien. De cette conversation je retiens sa proximité et son affection non seulement pour l’Église au Pérou, mais aussi pour l’Église en Amérique latine. J’ai été touché par ses gestes de gratitude pour l’aide apportée.

Il connaît bien notre mission et nous renouvelons devant lui, en tant qu’œuvre pontificale, notre engagement à être un pont d’amour qui permet à l’Église de continuer à annoncer l’Évangile, spécialement là où elle est persécutée ou confrontée à des besoins matériels qui font obstacle à l’évangélisation.
En avril 2024, l’AED a inauguré un nouveau bureau à Lima. Quels objectifs espérez-vous atteindre avec ce nouveau bureau et comment renforcera-t-il la présence de l’œuvre dans le pays ?
Le bureau de Lima nous permet de mieux coordonner nos efforts dans tout le pays et d’être un pont plus efficace entre ceux qui aident et ceux qui ont besoin d’aide. Aide à l’Église en Détresse est un pont d’amour entre les catholiques du monde qui veulent aider leurs frères et sœurs qui sont le plus dans le besoin.
En Amérique latine, l’AED compte d’autres bureaux : au Brésil, en Colombie, au Chili et au Mexique. L’ouverture du bureau de Lima témoigne de la volonté des fidèles d’aider leur Église locale et aussi l’Église universelle. Le Pérou est un pays où l’Église est bénéficiaire de l’aide. Cependant, des collectes commencent à être organisée localement. Nous voulons toucher davantage de fidèles pour leur faire connaître les besoins de l’Église souffrante et persécutée, et leur permettre ainsi de soutenir plus de projets d’évangélisation et de développement pastoral dans le monde entier.