Quarante cartes d’une valeur de 55 dollars ont été distribuées aux 40 familles les plus vulnérables de la communauté des réfugiés syriens en Arménie. À l’occasion des fêtes de Noël et du Nouvel An le mois dernier, ils ont été soutenus dans le cadre d’un projet ayant pour but d’améliorer leurs moyens de subsistance et financé par l’organisme international de charité catholiqueAide à l’Église en Détresse (AED). Celui-ci était mise en œuvre par la Fondation Armenia Round Table Foundation (ARTF). Le projet est un exemple supplémentaire de la bonne coopération entre l’Église apostolique arménienne et les catholiques arméniens.
Les 25 et 28 décembre dernier, l’ARTF a organisé la distribution de ces cartes-cadeaux. Elles ont permis aux réfugiés d’avoir un libre accès à des produits alimentaires de leur choix. Le tout, en étroite collaboration avec le diocèse patriarcal d’Ararat, qui fait partie de l’Église apostolique arménienne, et l’organisation non gouvernementale (ONG) Alep. Grâce à cette dernière, les réfugiés syriens – en particulier des femmes –, prennent régulièrement part à des sessions psychosociales qui contribuent à leur rétablissement ainsi qu’à augmenter leur résilience.
Mgr Navasard Kchoyan a souhaité la bienvenue aux réfugiés syriens avec des prières et les a encouragés à s’impliquer dans les activités de l’Église. L’évêque a souligné que les Syriens ont leurs propres particularités, et qu’aujourd’hui ils enrichissent la vie des Arméniens, revenant à leurs racines, par ailleurs dans de tristes circonstances. Il a remercié le peuple syro-arménien d’avoir conservé son énergie, sa foi et ses traditions.
Des conditions extrêmement difficiles
L’agent du programme de l’ARTF a effectué dix visites à domicile dans quarante familles inscrites sur les listes de distribution de cartes. La situation sur le terrain est extrêmement difficile. Certaines familles viennent d’arriver; d’autres vivent en Arménie depuis 2 ou 3 ans et rien n’a changé dans leur vie depuis leur arrivée. Elles vivent pour la plupart dans des appartements loués, et ne sont pas en mesure de payer les frais, que ce soit le loyer, la nourriture, les services médicaux, ni les autres services sociaux. La plupart d’entre elles vivent dans des maisons froides parce qu’elles ne peuvent utiliser de chauffage électrique ou au gaz.
Lors de ses visites, l’agent de l’ARTF a pu voir une femme de 80 ans, assise et recouverte de dizaine de couvertures afin de ne pas geler. Étant aveugle et paralysée des deux jambes, elle a besoin de l’aide de ses deux filles en permanence. Elle a aussi besoin de médicaments, de nourriture et de chaleur. En entendant la voix de celui qui lui rendait visite, elle a eu les larmes aux yeux. Une autre vieille femme a gardé le silence tout le long de la visite. Elle a perdu son fils qui était soldat en Syrie. Seuls ses petits-enfants lui apportent la consolation et permettent une certaine guérison de son cœur.
Une nouvelle nation, mais grâce à l’Église, une mère patrie
La famille d’Arpy Pchakchyan est arrivée le 22 décembre 2015, grâce au projet Sauvez une vie de l’ONG Alep. Ils vivaient à Alep sans eau ni nourriture, dans des conditions d’hygiène déplorables. Ils ont 2 enfants : Zheni (15 ans) et Caro (10 ans). Se rappelant les horreurs de la guerre, Caro se couvre le visage en tremblant. Actuellement, ils vivent dans un deux-pièces loué par la mère d’Arpy; 8 personnes au total vivent dans cet appartement.
Malgré toutes ces difficultés, ils sont heureux de venir en Arménie – qu’ils considèrent aussi comme leur patrie –, pour y retrouver des membres de leur famille, et bien sûr, parce qu’ils sont encore en vie. Arpy se prépare à participer à un groupe de formation professionnelle, tout comme sa sœur avant elle qui a suivi le cours de manucure et gagne de l’argent en fournissant des services à domicile à des clients.
Ils ont tous exprimé leur gratitude à l’ARTF et à tous les bienfaiteurs pour la formation et l’assistance humanitaire, surtout en cette veille difficile de Noël. Un montant de 2,320 dollarsa servi à donner des cadeaux aux personnes réfugiées. Une chose est évidente : ils veulent tous trouver un emploi, et ils sont assez forts pour commencer une nouvelle vie en Arménie après avoir perdu leurs maisons, leurs biens et les proches aux mains de la guerre syrienne.
Un projet à saveur œcuménique
Titre du projet : Programmes pour l’amélioration des conditions de vie des réfugiés syro-arméniens en Arménie (professionnelles & psychologiques), pour lequel l’AED a octroyé un montant de 43,500 dollars.
Le projet a été présenté conjointement par Mgr Hovakim Manukyan, responsable des relations interÉglises de l’Église apostolique arménienne, et par Mgr. Rafael Minassian, ordinaire des catholiques arméniens en Arménie, Géorgie, Russie et Europe de l’Est. Ce projet a été lancé le 30 juin 2015, au Centre de formation aux arts domestiques, à Erevan, avec un plan de formation à différentes professions pour 40 réfugiées syriennes et pour des jeunes. L’autre objectif important du projet est le soutien continu aux réfugiés en difficulté, par un prêtre et un psychologue expérimenté.
Par Alla Sarkissova/Maria Lozano, ACN International Adaptation : Mario Bard AED Canada